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REGISTRES

DU BUREAU [i54₉]

mais à l'affection de leur cueur, totallement dedié à vostre service; recevant neantmoings, s'il vous plaist, ce present de liberalle et gratieuse volunté, leur faisant octroy de vostre bonne grace, qui est le neu indissoluble pour les tenir à tousjours liez et conjoinctz à celle du Roy."

Laquelle harengue elle jugea singuliere et modeste en sa briefvelé par la responce mesme rendue de sa bouche C.

present trouvé lant beau et riche, mesmement par lad. dame, qu'elle feist demonstration de l'avoir en estime. Mais encores print elle autant et plus à gré la harangue que luy feist à ce propos mond. s^r le Prevost des Marchans, dont la teneur en suit :

"Madame, les habitans de laville de Paris, cap-pitalle de ce Royaulme, loyaulx, fidelles et très obeyssans subgectz du Roy et voz très humbles serviteurs, vous font par moy offrir ce petit present, lequel je vous supplie mesurer non à sa trop petite valleur,

CLXXXV [CXXXIV]. — Present faict au Roy.

20 juin 1549. (Fol- 160.)

Le landemain, Jourdé la Feste Dieu, mond. s^r le Prevost des Marchans avec les Eschevins, Greffier et principaulx officiers de la Ville, allerent aux Tournelles presenter au Roy le riche present qu'ilz avoient faict faire pour Sa Magesté. Led. present estoit tout de fin or de ducat, cizelé, buriné et conduit par lel arliffice d'orfaverye que l'on ne veist oncques plus belle piece d'ouvrage eu toute Europe.

C'estoit une base triangulaire, soustenuepar trois harpies assises sur ung plan bien taillé, enrichi des armes, devises et chiffre de Sa Magesté, mesme bordé dc moullures exquises bien à la haulteur d'ung bon poulce, dedans la plalte bande desquelles estoit escript :

IIkNRICO JI PRINCIPI P. F. PRINCEPS CIVITAS

Lutetia D. D.

La superficie de ceste base estoit faicte en terrasse, semée d'herbes et de florettés, au meilleu de laquelle sourdoit ung beau palmier le myeulx contrefaisant le naturel qu'il est possible; aussi avoit il esté curieusement esmaillé après des branches veritables apportées d'Jtallye et d'ailleurs. Mais combien que

les Ytalicnnes ne portent point de fruict, si esse (sic) nonobstant que l'ouvrier entendu ne laissa point à décorer son arbre de ses grappes, représentantes à peu près les raisins, qui luy donnerent merveilleusement bonne grace. Autour de la tige de ce palmier, escaillée comme il appartient, estoient trois Roys plantez debout, armez à l'antique et revestuz de leurs togues imperialles, portans couronnes sur leurs testes, les deux garnyes de piquans, non de fleurons, mais seullement la tierce, pour donner à entendre que les deux avoient rogné et que le tiers est de present en regne. Le visaige du premier se rapportoit nayfvcment au Roy Loys XII^e, ayeul, et celuy du second au Roy François, pere du Roy à present regnant, lequel aussi povoit il voir le sien exprimé comme en ung mirouer. Ces deux luy monslroient, chascun d'une main levée vers le houppeau de l'arbre, une table carrée en maniere de cartoche, atachée à l'une des branches avecques une petite chaisnette d'or de sublille manufacture, dedans laquelle estoit escript d'émail blanc sur fons noir: Magnum magna decent. Contre les angles ou arestes de la susdicte base,

demye once, une buye de 33 marcs 3 onces, deux flacons de 23 marcs 4 onces, deux vases de 11 marcs 6 onces, deux grans bassins de 23 marcs 6 onces, trois sallières dont une couverte, de 6 marcs 3 onces, six grans lasses et deux couvescles pesans 57 marcs C onces et demye; quatre chandelliers à llambeaulx pesans 22 marcs 5 onces et demye, et quatro Couppes couvertes du poix de 15 mars 1 once 6 gros; toute laquelle vaisselle ci-dessus declarée, armoiée aux armes du roy et de la royne, pesant ensemble la quantité de trois cens seize marcs une once, selon la pesée faicte par François Perdrier, affineur et départeur d'or et d'argent, qui a certiffié et affermé icelle vaisselle estre bien et deuement faicte, et toute marquée du nouveau poinçon de Paris.!. (KK 28G, lol. 118 v°.)A vingt-cinq livres tournois le marc, suivant le marché passé avec Pierre Hotman, marchand et bourgeois de Paris, la ville paya de ce chef 7,903 livres 2 sous 6 deniers. Chaque pièce d'orfèvrerie était enfermée dans un derin, dont la description el. le prix se trouvent au méme registre, fol. 120.

O Le registre capitulaire qui relate la visile du roi et de la reine à la cathédrale et le diner servi à l'hôtel épiscopal, ajoute qu'après le fe;tin, le doyen du chapitre, Antoine Le Cirier, accompagné de l'archidiacre et du chantre de l'église de Paris, vint trouver lo roi et le supplia de maintenir les immunités du chapitre. Ils adressèrent aussi au Connétable et Grand Maitre de France une requète pour obtenir l'expulsion des intrus qui s'étaient logés dans le cloitre, à l'occasion de l'entrée du roi, ce qui leur fut promis et exécuté le jour méme. Henri ll et la reine retournèrent après diner à la cathédrale et assistèrent aux vêpres. (Archives nat-, LL 248. fol. 710, 711.)



182	REGISTRES	DU BUREAU [i54₉] mais à l'affection de leur cueur, totallement dedié à vostre service; recevant neantmoings, s'il vous plaist, ce present de liberalle et gratieuse volunté, leur faisant octroy de vostre bonne grace, qui est le neu indissoluble pour les tenir à tousjours liez et conjoinctz à celle du Roy." Laquelle harengue elle jugea singuliere et modeste en sa briefvelé par la responce mesme rendue de sa bouche C.
present trouvé lant beau et riche, mesmement par lad. dame, qu'elle feist demonstration de l'avoir en estime. Mais encores print elle autant et plus à gré la harangue que luy feist à ce propos mond. s^r le Prevost des Marchans, dont la teneur en suit : "Madame, les habitans de laville de Paris, cap-pitalle de ce Royaulme, loyaulx, fidelles et très obeyssans subgectz du Roy et voz très humbles serviteurs, vous font par moy offrir ce petit present, lequel je vous supplie mesurer non à sa trop petite valleur,

CLXXXV [CXXXIV]. — Present faict au Roy. 20 juin 1549. (Fol- 160.)

Le landemain, Jourdé la Feste Dieu, mond. s^r le Prevost des Marchans avec les Eschevins, Greffier et principaulx officiers de la Ville, allerent aux Tournelles presenter au Roy le riche present qu'ilz avoient faict faire pour Sa Magesté. Led. present estoit tout de fin or de ducat, cizelé, buriné et conduit par lel arliffice d'orfaverye que l'on ne veist oncques plus belle piece d'ouvrage eu toute Europe. C'estoit une base triangulaire, soustenuepar trois harpies assises sur ung plan bien taillé, enrichi des armes, devises et chiffre de Sa Magesté, mesme bordé dc moullures exquises bien à la haulteur d'ung bon poulce, dedans la plalte bande desquelles estoit escript : IIkNRICO JI PRINCIPI P. F. PRINCEPS CIVITAS Lutetia D. D. La superficie de ceste base estoit faicte en terrasse, semée d'herbes et de florettés, au meilleu de laquelle sourdoit ung beau palmier le myeulx contrefaisant le naturel qu'il est possible; aussi avoit il esté curieusement esmaillé après des branches veritables apportées d'Jtallye et d'ailleurs. Mais combien que		les Ytalicnnes ne portent point de fruict, si esse (sic) nonobstant que l'ouvrier entendu ne laissa point à décorer son arbre de ses grappes, représentantes à peu près les raisins, qui luy donnerent merveilleusement bonne grace. Autour de la tige de ce palmier, escaillée comme il appartient, estoient trois Roys plantez debout, armez à l'antique et revestuz de leurs togues imperialles, portans couronnes sur leurs testes, les deux garnyes de piquans, non de fleurons, mais seullement la tierce, pour donner à entendre que les deux avoient rogné et que le tiers est de present en regne. Le visaige du premier se rapportoit nayfvcment au Roy Loys XII^e, ayeul, et celuy du second au Roy François, pere du Roy à present regnant, lequel aussi povoit il voir le sien exprimé comme en ung mirouer. Ces deux luy monslroient, chascun d'une main levée vers le houppeau de l'arbre, une table carrée en maniere de cartoche, atachée à l'une des branches avecques une petite chaisnette d'or de sublille manufacture, dedans laquelle estoit escript d'émail blanc sur fons noir: Magnum magna decent. Contre les angles ou arestes de la susdicte base,

demye once, une buye de 33 marcs 3 onces, deux flacons de 23 marcs 4 onces, deux vases de 11 marcs 6 onces, deux grans bassins de 23 marcs 6 onces, trois sallières dont une couverte, de 6 marcs 3 onces, six grans lasses et deux couvescles pesans 57 marcs C onces et demye; quatre chandelliers à llambeaulx pesans 22 marcs 5 onces et demye, et quatro Couppes couvertes du poix de 15 mars 1 once 6 gros; toute laquelle vaisselle ci-dessus declarée, armoiée aux armes du roy et de la royne, pesant ensemble la quantité de trois cens seize marcs une once, selon la pesée faicte par François Perdrier, affineur et départeur d'or et d'argent, qui a certiffié et affermé icelle vaisselle estre bien et deuement faicte, et toute marquée du nouveau poinçon de Paris.!. (KK 28G, lol. 118 v°.)A vingt-cinq livres tournois le marc, suivant le marché passé avec Pierre Hotman, marchand et bourgeois de Paris, la ville paya de ce chef 7,903 livres 2 sous 6 deniers. Chaque pièce d'orfèvrerie était enfermée dans un derin, dont la description el. le prix se trouvent au méme registre, fol. 120. O Le registre capitulaire qui relate la visile du roi et de la reine à la cathédrale et le diner servi à l'hôtel épiscopal, ajoute qu'après le fe;tin, le doyen du chapitre, Antoine Le Cirier, accompagné de l'archidiacre et du chantre de l'église de Paris, vint trouver lo roi et le supplia de maintenir les immunités du chapitre. Ils adressèrent aussi au Connétable et Grand Maitre de France une requète pour obtenir l'expulsion des intrus qui s'étaient logés dans le cloitre, à l'occasion de l'entrée du roi, ce qui leur fut promis et exécuté le jour méme. Henri ll et la reine retournèrent après diner à la cathédrale et assistèrent aux vêpres. (Archives nat-, LL 248. fol. 710, 711.)